Historique

19 mars 1633 : un groupe de religieuses Ursulines débarque à Mons ; elles viennent de Givet, où elles ont quitté leur monastère, situé en une contrée trop troublée.

A Mons vivent M. Malapert, seigneur de la Buissière, et son épouse Marie de Guise, qui n’ont pas d’enfants et envisagent de léguer leurs biens à un monastère.  Averties par la servante de ce couple, les Ursulines espèrent donc être ainsi accueillies à Mons.  Les Malapert, en effet, les logent dans l’une de leurs maisons, à la rue des Kiévrois, non loin de la collégiale Sainte-Waudru.

Les échevins leur donnent l’autorisation d’ouvrir une école, mais l’accord du roi d’Espagne n’avait pas été sollicité : on refuse donc aux Ursulines cette installation.

Il faut partir : elles quittent Mons en 1634.  Mais elles n’abandonnent pas pour autant l’espoir de revenir et, quatorze ans plus tard, l’autorisation du roi Philippe IV leur est accordée.

Le 21 octobre 1648, jour de la fête de sainte Ursule, les religieuses reviennent donc à Mons et y entrent solennellement en présence du Grand Bailly du Hainaut, des chanoinesses et des jésuites. Très vite il faut ouvrir six classes. La maison des Malapert (morts depuis lors) est trop exiguë et l’on trouve refuge entre Sainte-Waudru et l’église Saint-Germain, chez M. de Sepmeries. Après avoir réglé le litige relatif à la succession Malapert, les Ursulines reviendront d’ailleurs rue des Kiévrois, où elles occupent plusieurs maisons.

C’est l’essor de la communauté et de l’école. C’est aussi l’époque de la construction des premiers bâtiments nouveaux, érigés de 1659 à 1662, et toujours visibles à l’intérieur du monastère, situé aujourd’hui square Roosevelt.

Mais l’ère des grandes constructions va seulement arriver : en 1704, les Ursulines démolissent les petites maisons qu’elles occupent et entament la construction d’une grande église. Malgré l’écroulement du bâtiment en construction, en 1706, l’effort est repris.

En un quart de siècle, les religieuses érigeront tout le monastère encore partiellement visible aujourd’hui : les parloirs en 1707 (c’est-à-dire les six travées actuellement à gauche de la chapelle), la chapelle en 1707-1711, puis l’oratoire privé des religieuses, le bâtiment des pensionnaires en 1715-1716 (à droite de la chapelle) et enfin le corps de logis des écoles en 1728-1729 (à gauche des parloirs).

L’ensemble ainsi réalisé fait preuve d’une grande unité, sauvegardée malgré la succession de différents architectes. Mais le principal maître d’œuvre, ce fut Claude de Bettignies, un Montois issu d’une famille célèbre, et qui devait plus tard donner son nom à la rue.

Au total, ce sont vingt-sept travées qui composent ce bâtiment Renaissance.

La pièce principale, c’est bien sûr la chapelle, avec sa nef unique de quatre travées, terminée par un chevet à trois pans. On y entrait par le grand portail du milieu de la façade. De Bettignies était l’auteur de la plupart des objets du mobilier, dont le maître-autel, transféré plus tard en l’église Sainte-Elisabeth, où on peut encore le voir aujourd’hui.

C’est donc là l’époque du plein apogée de l’institution, qui compte en moyenne cinq cents élèves et une quarantaine de religieuses. Si l’enseignement était gratuit pour les externes, par contre, les pensionnaires devaient payer assez cher, mais recevaient une éducation plus approfondie.
Beaucoup de pensionnaires devenaient d’ailleurs religieuses.

L’enseignement, à cette époque, était axé sur l’écriture, le calcul et les travaux d’aiguille, sans oublier bien sûr, l’instruction religieuse et la pratique des bonnes mœurs. En outre, il y avait le dimanche une école pour les jeunes filles et femmes qui travaillaient la semaine et apprenaient à lire et à écrire sur le tard.

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Mais la tourmente guette : 1789 approche, avec son cortège de troubles. En 1793, après la bataille de Jemappes, les Français entrent à Mons et confisquent les biens des Ursulines. Puis l’église est réquisitionnée et la messe interdite. En avril 1798 les Ursulines sont finalement chassées du couvent et doivent se disperser en ville. Mais, envers et contre tout, l’instruction est poursuivie en cachette.

Il faut attendre 1803 pour que, en novembre, les Ursulines puissent réintégrer leur monastère.

Elles s’attellent donc à réparer et à restaurer tout ce qui a pu être détruit et profané par les révolutionnaires. C’est un nouveau début dans la vie de l’institution qui va refleurir.

Ainsi les classes dominicales s’ouvrent à nouveau en 1840. En 1870 arrive la première institutrice laïque et l’on fonde des classes ménagères.

Au début du siècle, en 1905, ce sera l’école professionnelle, puis le musée d’appareils scientifiques, la salle de gymnastique, le théâtre, les salles de musique.

Dans les années trente s’ouvriront les premières classes d’humanités latin-grec.

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C’est aussi cependant la période où le couvent est amputé d’une partie de ses jardins pour la construction du bassin du canal Mons-Condé d’abord (1807), pour la construction des remparts ensuite (1816), et du chemin de fer (1841), ainsi que pour le percement de la rue de la Houssière (1872). Dans certains cas d’ailleurs, les indemnités ne seront pas payées.

Là n’allaient pas s’arrêter les conflits entre les Ursulines et l’administration, puisque toute la fin du XIX’ siècle fut marquée par un long procès contre la ville de Mons et l’Etat, qui tous deux revendiquaient la propriété des bâtiments. Mais les religieuses auront finalement gain de cause.

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En 1914, le couvent devient hôpital militaire allemand et c’est à nouveau l’exil dans diverses maisons de la ville, avant de pouvoir réintégrer les locaux. L’entre-deux-guerres est marqué par l’installation de l’électricité dans toute la maison.

Et puis, c’est 1940, un tournant pour le monastère: le bombardement du 11 mai 1940 détruit toute l’aile du pensionnat. Le 18 juin 1942 à trois heures du matin, de nouvelles ruines sont causées par des bombes; la classe continue cependant, dans quelques locaux. Le bombardement du 10 mai 1944 aura raison du courage des religieuses : il faudra quitter définitivement le monastère, après trois siècles de présence.

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Réfugiées à Mesvin, les religieuses reprendront leur tâche d’enseignement dès le 6 octobre 1945, mais durant plus de dix ans, elles devront travailler dans une série de maisons disséminées en ville.
L’impossible reconstruction des bâtiments de la rue Fetis conduit à l’achat d’un vaste terrain le long du Boulevard des Etats-Unis (actuel Boulevard Kennedy).

Un jour d’été 1948, les plans de la future implantation sont présentés à la Communauté.

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Une ère nouvelle commence : juin 1954 voit la bénédiction de la première pierre et 1957 l’entrée dans le “bâtiment jaune ”.

Malheureusement, faute de place, les classes primaires sont maintenues à la rue de Nimy. Elles s’installeront Avenue du Tir en septembre 1968. Mère Jeanne de Chantal et Mère Marie-Thérèse recueillent ainsi le fruit de leurs efforts … dans la maison du Père.

1970 marque l’entrée des Ursulines, en tant qu’école pilote, dans la démarche du rénové. La vaste réforme pédagogique est portée à bout de bras par la Communauté éducative. L’œuvre d’éducation se poursuit, se rénove.

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Une jeunesse nombreuse, toujours plus nombreuse, oblige à de continuels aména-gements ; des classes de dédoublement au 3e étage, un quartier de direction, un vaste secrétariat, une bibliothèque, une cafeteria supplémentaire, et finalement, il faut construire encore, et c’est le hall de sport II en 1980.

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Est-ce un point final ? Certes non ! De nouveaux aménagements sont en vue pour multiplier des locaux et permettre de créer des salles de sciences plus adaptées… La vie nous pousse ainsi que les progrès techniques auxquels il faut préparer les jeunes. Un laboratoire de langues est aménagé et les cours d’informatique donnés depuis 1982, ont nécessité la mise en place d’ordinateurs.

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En 1986, les garçons entrent à l’école : le passage à la mixité est organisé de manière progressive. Pour mettre à l’aise les classes maternelles et secondaires, un nouveau complexe de quinze classes, le bâtiment Sainte-Angèle, est construit le long de la rue Valenciennoise.

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1997 est marquée d’aménagements intérieurs : une nouvelle bibliothèque est installée au 3e étage de l’aile de la Communauté mis généreusement à la disposition de l’école par les religieuses. Les projets ne manquent pas: introduction des nouvelles technologies de l’information, multiples formations internes, éducation à la citoyenneté, …

Enrichies d’un passé généreux et fécond, les écoles explorent résolument et avec rigueur des horizons nouveaux. Leur projet éducatif fondé sur la tradition méricienne ouvre un chemin de vie où la Communauté scolaire progresse solidairement dans l’attention affectueuse à chacun de ses membres.

(D’après un article de H. Wattier in Serviam 1983)